4 jours de trek dans le parc Los Nevados !
11/03/20 : Je suis surexcité au réveil, le trek dans le parc Los Nevados va enfin commencer ! Nous avons rendez-vous dès 07h30 à l’agence de Páramo trek. Nous rencontrons nos comparses pour les 3 prochains jours : Dieter et Koti, un allemand et une néerlandaise en couple, ainsi que Richard, un anglais de Bristol à l’accent difficilement compréhensible. Camille, Margaux et Lison, trois françaises qui débutent leur périple colombien, nous rejoignent également. Julian et Avi, nos guides pour cette excursion, complètent la joyeuse troupe.
Nous prenons le petit déjeuner tous ensemble avant de partir en direction de la vallée de Cocora à 20 minutes de trajet. L’averse de pluie qui tombait ce matin a fini par s’estomper. L’étape d’aujourd’hui s’étend sur une distance de 12 kms. Le point de départ se situe au village de Cocora à 2390m d’altitude. Les paysages qui nous entourent sont typiques de la vallée avec ses palmiers de cire pouvant atteindre 65m de hauteur. Cette espèce de palmier unique au monde est reconnue comme l’arbre national de la Colombie !
Nous devons remplir un formulaire pour entrer dans le parc Los Nevados. Il est 09h00 passée lorsque nous commençons la marche. Le sentier nous mène rapidement dans la forêt tropicale. Nous apercevons un Motmot houtouc, aussi appelé Barranquero en Colombie, un petit oiseau rigolo avec ses plumes vertes et sa calotte bleue. C’est dans ce genre de situation que mon zoom me serait bien utile, mon unique photo n’est pas exploitable ! Nous franchissons peu après une rivière, un simple rondin de bois faisant office de pont.
J’ai déjà très chaud alors que nous n’avons pas encore commencé à grimper. Le mirador où nous avons prévu déjeuner est à 3150m d’altitude, soit presque 800m de dénivelé positif par rapport à notre point de départ. Le temps qui s’était découvert ce matin se rebouche au fil de notre progression. Après 2 bonnes heures de montée ponctuées par des pauses salutaires, nous arrivons enfin au mirador tant convoité. Nous n’en profitons guère, la brume s’est emparée des lieux limitant notre visibilité à une dizaine de mètres.
Le repas à base de riz et de poulet est bienvenu après tant d’efforts, tout comme la sieste digestive de 30 minutes qui s’ensuit ! Il reste encore à peu près 6kms jusqu’à la finca Argentina perchée à 3450m d’altitude. Comme d’habitude, je peste sur le poids de mon sac bien trop chargé, la faute en partie aux nombreux en-cas distribués par l’agence et aux deux litres d’eau indispensables malgré tout. Nous arrivons vers 15h00 à la finca Argentina, une bâtisse faite de planches et de tôles. La pièce qui sert de dortoir jouxte l’étable, difficile de faire plus rustique !
La douche est très spartiate mais incontournable après une journée aussi intense. La température est fraiche compte-tenu de l’altitude, nous nous agglutinons autour du foyer de la cuisine où chauffent d’innombrables récipients. Nous profitons d’une courte éclaircie pour admirer la beauté du panorama. Si on met de côté la viande caoutchouteuse, le repas est tout à fait correct. Nous découvrons en fin de repas l’aguapanela, une boisson chaude à base de canne à sucre. Dès 20h00, tout le monde s’abandonne déjà dans les bras de Morphée.
En route pour la finca Berlin
12/03/20 : Le réveil sonne à 06h00 ce matin pour un départ prévu à 07h00. Une petite demi-heure de retard nous permet d’assister à la traite des vaches. Environ 11 kms nous séparent de notre prochaine étape, la finca Berlin (3700m d’altitude). La 1ère étape de la journée est la finca Buenos Aires située à 3750m d’altitude. Il nous faut un peu plus d’une heure pour nous y rendre. Le temps dégagé ce matin permet d’apprécier les paysages sublimes qui s’offrent à nous. Les deux chiens de la finca scrutent l’horizon en quête d’ailleurs.
Nous entamons ensuite l’ascension vers le point culminant de la journée à 4045m d’altitude. Nous prenons rapidement de la hauteur non sans difficulté, mais les points de vue grandioses en valent largement la peine. Nous croisons quelques chevaux en divagation sur les pentes abruptes de la montagne. L’apparition des frailejones (son nom scientifique est Espeletia), cette espèce de plantes endémique des Andes, nous indique l’atteinte du páramo. Cet écosystème présent uniquement dans la cordillère des Andes se situe entre la forêt tropicale et les neiges éternelles. Il abrite environ 5000 espèces de plantes différentes, dont 60% sont endémiques.
Après une courte pause, nous poursuivons notre ascension cernés de toute part par cette végétation si singulière. Nous finissons par rejoindre le haut plateau à plus de 4000m d’altitude où nous attend une pause bien méritée. Le point de vue censé donner sur le Paramillo del Quindío, un sommet emblématique du parc à 4750m d’altitude, est encore bouché par les nuages d’altitude. Nous traversons peu après la bordure entre les départements du Quindío et du Risaralda où se trouve la finca Berlin. Nos guides se surpassent pour la pause déjeuner, ils nous concoctent des tacos succulents !
Nous ne sommes pas mécontents d’arriver à notre destination, la pluie commençant à tomber. La finca Berlin est d’un tout autre standing, aussi bien pour les paysages environnants que pour le confort des installations. Nous tuons le temps avec une partie de cartes. Je fais équipe avec Margaux, ma méconnaissance des règles nous fait forcément perdre… La cuisine plus petite que la veille nous oblige à organiser des rotations pour que tout le monde puisse manger au chaud. Cette journée a encore tenu toutes ses promesses, le parc Los Nevados est splendide !
La laguna Otún, point d’orgue du 3ème jour
13/03/20 : Cette 3ème étape est la plus longue avec 17 kms à parcourir. La journée commence par une ascension assez difficile, d’autant plus que nos guides privilégient systématiquement les chemins de traverse beaucoup plus raides. Le temps dégagé comme souvent à cette heure matinale nous permet de contempler les paysages magnifiques qui nous entourent. Après deux heures de marche, nous franchissons le Río Otún en direction de la vallée du Condor.
Notre guide Avi à la tête du groupe marche à très vive allure, j’ai du mal à la suivre compte-tenu de l’altitude. Nous finissons par réclamer une pause pour pouvoir reprendre notre souffle. Le dénivelé devient ensuite moins escarpé, permettant d’apprécier la balade jusqu’au mirador qui surplombe la laguna Otún. Une surprise nous y attend, Julian sort de son sac une bouteille de vin chilien plus que convenable qui se marie à merveille avec la charcuterie et le fromage ! La dernière partie du trek est plus monotone, 8 kms de marche sur un chemin quelconque.
C’est l’heure de faire nos adieux à nos comparses de trek, nous sommes les seuls à faire l’ascension du Nevado Santa Isabel le lendemain. Nous faisons la rencontre de Herman à la ferme Campo Alegre, notre guide de haute montagne. Après le passage en revue du matériel d’ascension (crampons, casque…), nous préparons nos sacs. Le diner est à 18h30 et l’extinction des feux dès 20h00, le réveil sonne à 02h30 demain matin !
A la conquête du Nevado Santa Isabel !
14/03/20 : Deux tranches de pain et de l’aguapanela en guise de petite déjeuner, puis nous roulons sur un chemin cabossé pendant 45 minutes. Il ne fait pas chaud à cette heure-là, le temps est brumeux, l’humidité me transit de froid. La 1ère partie jusqu’au glacier est ponctuée de nombreuses pauses, il y a tout de même 600m de dénivelé positif à gravir. Une fois équipés, nous commençons l’ascension sur le glacier entrecoupée d’une partie caillouteuse sur laquelle il n’est pas facile de marcher avec les crampons.
Nous atteignons le sommet du Nevado Isabel à 5000m d’altitude en 3h45, une belle performance ! Comme par magie, la brume s’est dissipée au moment de notre arrivée, nous permettant d’apprécier pleinement la vue imprenable sur les environs. Un panache de fumée s’échappe du Nevado Ruiz, le sommet culminant du parc avec ses 5321m d’altitude. Nous descendons de quelques mètres afin d’apercevoir le Nevado del Tolima (5215m d’altitude), considéré comme l’ascension la plus difficile du parc Los Nevados.
Nous ne nous éternisons pas au sommet et entamons tranquillement notre descente. Une jolie crevasse d’un bleu profond attire mon regard, nous découvrons les paysages traversés plus tôt dans la pénombre de la nuit. Je commence à sentir des douleurs dans mes jambes, ce qui n’est pas étonnant après plus de 50 kms parcourus ces 4 derniers jours. Nous prenons le déjeuner au campo Alegre puis filons vers Pereira, le terminus de notre périple. Il nous faut quasiment 3 heures interminables pour franchir les 71 kms de distance.
L’hôtel Kolibri (86000 COP la nuit) où nous allons passer la nuit en plus d’être sympa est très bien placé. Nous découvrons avec stupeur l’ampleur pris par le coronavirus en 4 jours. J’apprends que je vais être placé en confinement stricte à mon arrivée à Saint-Pierre et Miquelon, plutôt particulier comme retour ! Enfin, nous comptons bien profiter de notre dernière soirée ! Nous faisons un 1er arrêt au Barcelona pour déguster une bonne bière artisanale, puis direction chez Leños & Parilla, un super restaurant argentin. Je ne tarde pas à dormir ce soir-là, quelle journée…
Que dire de mon séjour dans ce pays hormis que j’ai adoré chaque étape de notre itinéraire. Je comprends mieux qu’on puisse y rester deux mois, il y a tant à de lieux à découvrir. La Colombie, le risque est de vouloir y rester, un slogan touristique qui exprime tout à fait mon ressenti à l’approche du départ, ce pays est magique !
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