4 jours de trek vers la Ciudad Perdida !
27/02/20 : Après une courte nuit de sommeil, nous préparons les sacs pour cette expédition de 4 jours. Nous avons opté pour l’agence Expotur, un opérateur ayant de nombreuses années d’expérience sur le trek de la Ciudad Perdida (1 100 000 COP par personne, prix identique quelque soit l’agence choisie). Leur bureau n’est situé qu’à une centaine de mètres de l’hôtel, ce qui est plutôt pratique. Nous sommes surpris par le nombre important de personnes présentes à l’intérieur de l’agence. Au total, trois équipes d’une quinzaine de personnes sont constituées !
Il faut compter environ 2 heures de trajet pour rejoindre le village d’El Mamey (120m d’altitude), point de départ du trek. Nous faisons la connaissance d’Édouard et Diane, un luxembourgeois et une française en vacances après avoir passé 2 ans en VIE en Argentine. La marche commence juste après le repas, 500m de dénivelé positif en plein cagnard, ce qui a pour effet de nous faire transpirer à grosses gouttes. Les paysages qui se dévoilent au fil de notre progression donnent un bon aperçu du relief de la Sierra Nevada de Santa Marta, ce parc national qui abrite le point culminant de Colombie, le pic Cristóbal Colón (5775m d’altitude).
Le belvédère situé à 620m d’altitude est l’occasion de prendre une photo de notre groupe cosmopolite qui compte pas moins de huit nationalités différentes. Nous descendons ensuite vers le camp Alfredo (460m d’altitude) où nous allons passer la nuit. Nous sommes accueillis par un Ara rouge également appelé Ara Macao. Celui-ci n’a rien de sauvage, il se prête volontiers aux séances photos et s’approche sans crainte des visiteurs d’un soir.
Les courbatures dues à notre folle épopée de la veille sont accentuées par les 4 heures de marche réalisées aujourd’hui. Quelques étirements et c’est l’heure de la récompense, une bière bien fraiche ! Le camp est assez rudimentaire mais dispose de douches et toilettes en nombre suffisant. Le repas servi à 18h30, constitué de poisson frit, est copieux et salvateur après tant d’efforts. Demain, réveil à 05h00 du matin, petit déjeuner à 05h30 et départ à 06h00, la messe est dite, le rythme du trek est quasi militaire !
En route pour la cabaña Paraiso
28/02/20 : Presque 15 kms nous séparent de notre destination du jour, le camp Paraiso (800m d’altitude). La 1ère partie de la matinée nous amène à un belvédère situé à 660m d’altitude synonyme de pause vitaminée, des fruits nous sont offerts pour refaire le plein d’énergie. Nous entamons ensuite une longue descente jusqu’au village indigène de Mutanzi (450m d’altitude). Ce village est peuplé par les Kogis, un peuple indigène descendant des indiens Tayronas, la communauté qui a dominé la région pendant la période précolombienne avant d’être décimée par les conquistadors espagnols.
Nous nous regroupons dans une hutte où un Kogui nous présente certaines pratiques ancestrales encore appliquées de nos jours, notamment celle utilisée pour confectionner leurs mochilas, ces sacs en bandoulière tressés à partir d’écorce de lianes. Le geste est précis et rapide ! D’autres communautés telles que les Arhuacos et les Wiwas peuplent également la Sierra Nevada. Les Kogis seraient environ 20 000 à vivre dans ces montagnes. Un village inoccupé est situé à proximité de Mutanzi, les Kogis étant semi-nomades, ils migrent au gré des saisons et des récoltes.
Le rituel sacré du poporo : Pour le poporo, des milliers de coquillages appelés caracucha sont collectés, chauffés sur un feu, puis écrasés en une fine poudre de chaux. Cette poudre est ensuite placée dans une calebasse évidée appelée totuma, qui représente la féminité. Cet objet est remis aux hommes à leur majorité. Les femmes cueillent les feuilles de coca et les font sécher en les plaçant dans des mochilas remplis de pierres chaudes. Les hommes mettent ensuite ces feuilles dans leur bouche, à quoi ils ajoutent un peu de poudre de coquillage récupérée dans leur totuma à l’aide d’un petit bâton. Ils frottent les excédents de salive et de poudre sur l’extérieur de leur totuma, ce qui fait grossir la calebasse – et symbolise la sagesse. Ils peuvent mâcher ce mélange jusqu’à 30 minutes ; la salive alcalinisée entraine alors la libération des principes actifs des feuilles de coca, agissant comme un psycho-stimulant (source : guide Lonely Planet).
Le camp Mumake où nous allons faire la pause déjeuner n’est plus très loin. Il est possible de s’y baigner, ce qui n’est pas de refus compte-tenu de la chaleur moite qui règne dans la forêt tropicale. Bien que fraiche, cette baignade inopinée est plus qu’appréciée ! La 2nde partie de la journée nous conduit à grimper jusqu’à 900m d’altitude avant de redescendre vers la destination du jour, le camp Paraiso. Je ne suis pas mécontent d’arriver après plus de 14 kms de marche (environ 6h00 de trajet). Après les étirements et les bières, direction le réfectoire où du pop-corn éclate à profusion.
Nous passons le reste de la soirée à discuter avec Édouard et Diane. Mon estomac est de plus en plus barbouillé depuis le repas. Malheureusement, la nuit blanche qui suit me confirme ce que je pressentais, j’ai réussi à attraper une intoxication alimentaire. Ça promet pour la journée du lendemain qui constitue le point d’orgue du trek, la découverte de la Ciudad Perdida !
Sur le chemin de la Ciudad Perdida !
29/02/20 : C’est peu dire que je ne suis pas en forme ce matin, je me force tout de même à avaler un peu riz en guise de petit déjeuner. Dès 06h00, nous prenons la direction des fameux escaliers qui mènent au site de la Ciudad Perdida, constitués de 1260 marches. Leur franchissement n’est pas une mince affaire, c’est avec soulagement que j’arrive au bout ! Le temps gris et brumeux confère une ambiance presque mystique au lieu. Construite entre le XIème et le XIVème siècle, cette cité resta oubliée pendant près de quatre siècles avant d’être « retrouvée » au début des années 70 par des pilleurs de tombes (guaqueros). Il a fallu attendre 1976 pour que le gouvernement se décide enfin à protéger le site des pillages !
La visite de la Ciudad Perdida est prévue pour durer 3 heures. Notre guide Dennis et notre traducteur Isidro s’efforcent de nous transmettre le maximum d’informations sur l’histoire de la cité et de son peuple fondateur, les Tayronas. Nous approchons d’habitations occupées par des indiens Kogis. Une femme vient à notre rencontre pour vendre des bracelets, rapidement rejointe par ses enfants. Elle n’a que 20 ans ans et déjà 4 enfants. Son père est le Mamo du village, le chamane qui agit en tant qu’autorité spirituelle de la communauté. Cette fonction lui donne le droit entre autres d’avoir deux femmes avec lesquelles il a eu 38 enfants, ça donne le tournis !
Nous poursuivons la balade jusqu’au point de vue tant attendu sur le site principal, entouré par la forêt tel un cocon protecteur. Plusieurs points de vue à des hauteurs différentes permettent d’apprécier le site sous diverses perspectives. Un en-cas assez copieux nous est servi par nos guides. Après une heure à profiter du site, nous reprenons le chemin du retour. Même si la Ciudad Perdida a été une belle découverte, elle tient difficilement la comparaison avec la star incontestée d’Amérique du Sud, j’ai nommé le Machu Picchu (voir l’article ici).
Nous déjeunons au camp Paraiso avant de repartir vers le camp Mumake où nous avions mangé hier midi. La route me semble interminable, je n’ai plus d’énergie et suis obligé de m’arrêter régulièrement pour reprendre mon souffle. Édouard me tient compagnie sur une portion du chemin avant de poursuivre à son rythme. Je ne suis pas mécontent d’arriver au camp après 4h00 de marche. Je me précipite sous la douche et pars aussitôt me coucher, avide de repos. Notre guide Dennis me prépare une tisane à base de plantes, elle est vraiment adorable !
Un dernier jour éprouvant !
01/03/20 : La nuit de sommeil a été salutaire, même si je ne suis toujours pas en mesure de manger normalement. Aujourd’hui sera sans doute la journée la plus dure du trek me concernant, plus de 2 heures de montée abrupte figurant au programme ! J’y vais à mon rythme, mes acolytes Piwi, Edouard et Diane m’attendent par moments, ce qui a pour effet de me redonner du tonus. Piwi et moi arrivons vers 11h30 à El Mamey, le terminus du trek. Les deux anglais ont bouclé l’étape en 4h20, ils n’ont pas chômé ! L’ambiance du dernier repas est agréable, puis vient le moment fatidique de dire au-revoir à nos comparses du trek.
Notre ami polonais anime le trajet retour en voiture. Comme à son habitude, il a bu énormément (en comparaison des autres) ce midi, le plongeant dans un état de semi-ébriété propice à la discussion. Il tient le crachoir à notre traducteur Isidro visiblement content d’arriver dans son village. Nous profitons de la fin de journée pour déambuler dans les rues de Santa Marta dont le centre historique est assez sympathique avec ses ruelles animées. Nous avons rendez-vous avec le cousin de la belle-mère de Piwi ce soir au Ouzo, une pizzéria renommée. Je suis affamé, tant pis ce sera pizza ce soir, une décision que je regretterai amèrement…
Le trek de la Ciudad Perdida est sans conteste un incontournable de la Colombie. Il faut être en bonne forme physique pour parcourir les 50kms du périple. La saison sèche est sans doute la meilleure période pour s’y rendre, ce que m’a confirmé Lison, une française rencontrée pendant la suite de notre voyage. Elle a enduré le trek en saison des pluies et surtout la boue qui va avec… Demain, changement de décor, nous avons prévu plonger dans la réserve marine du parc Tayrona, encore une belle aventure en perspective !
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