Un départ pluvieux pour Langlade !
28/09/18 : Rendez-vous est pris dès 13h00 aux pontons à proximité de la CPS sur la route du littoral. Je pars pour 4 jours en dégras, appellation donnée aux week-ends de chasse à Langlade. Cette île, lieu de villégiature privilégié des habitants de Saint-Pierre, constitue une destination de choix pour s’évader du quotidien. C’est mon 1er week-end de dégras, autant dire qu’il a un goût savoureux d’aventure ! Nous sommes 5 à partir ce jour-là, convoyé par Marcel-Christophe qui a l’amabilité de braver les éléments pour nous conduire en terre promise.
Mes 4 comparses de dégras, Alix, Olivier, Jérôme et Yannick, sont des chasseurs expérimentés, les chevreuils n’ont qu’à bien se tenir ! Enfin, ce qu’on appelle chevreuil dans l’archipel est en fait un cerf de Virginie, espèce introduite à Langlade et à Miquelon pour la chasse. Un mâle adulte pèse tout de même entre 60 et 90 kilos ! Au-delà de la chasse qui m’intéresse moyennement, l’intérêt de ce week-end est surtout de découvrir un coin de Langlade inconnu pour moi, l’anse de Maquine au Sud-Ouest de l’île. Il nous faut près de 45 minutes pour rejoindre l’anse tant convoitée.
Le ressac y est important, il n’est pas possible d’y accoster avec le zodiac. C’est Yannick qui hérite d’une mission périlleuse, rejoindre le rivage dans un petit canot pneumatique. Ce n’est pas sans peine qu’il met pied à terre ! Un système de va-et-vient nous permet de débarquer le matériel, les chiens et nous-mêmes par la même occasion. Ça commence bien pour moi, je finis avec un bain de pieds ! Le temps toujours pluvieux nous oblige à une marée de cabane, une expression de l’archipel pour dire qu’on reste à l’abri.
Après quelques apéros, nous dégustons le ragoût d’encornets concocté par Alix. D’ordinaire peu friand de ce plat, je dois bien avouer que je me régale ce soir-là ! Dans la continuité de ma malchance, je me tords la cheville lors d’une sortie nocturne. La douleur intense me fait craindre le pire pour le reste du week-end, enfin ce sera la surprise demain matin. Je suis en tout cas conquis par l’ambiance du dégras, il n’y a plus qu’à espérer que le temps soit plus clément pour les jours suivants.
La chance si le temps le permet !
29/09/18 : Malgré une météo capricieuse, nous partons en quête de chevreuils, direction le plateau à l’Est du 2ème Maquine. Ce n’est pas la peine de chercher des sentiers façonnés par la main de l’homme par ici, heureusement que les chevreuils tracent des chemins œuvrant inconsciemment à leur funeste sort. Nous en apercevons gambadant par endroits, mais bien trop loin pour être à portée de fusils. La matinée passe vite et j’arrive à suivre Alix malgré une douleur lancinante à la cheville. Nous rentrons au campement pour déjeuner, nous avons de délicieux hot-dogs au menu !
La pluie redouble d’intensité en début d’après-midi, un temps propice à la sieste. Nous profitons d’une accalmie vers 16h00 pour aller arpenter la zone à l’Ouest du 1er Maquine. Une détonation à proximité nous fait rappliquer sur le champ. Olivier a fait mouche sur une belle femelle qui doit avoisiner les 40 kilos. Je décline sa proposition de vider la bête en bon écologiste que je suis. La nuit commençant à tomber, nous rebroussons chemin en direction du campement. La femelle se retrouve rapidement momifiée dans une « chaussette » à l’abri des insectes. Ce soir, c’est au tour du chili con carne préparé par Olivier d’être dévoré par les cinq affamés !
Une journée au paradis
30/09/18 : La pluie a fini par laisser place à un soleil radieux, je vais enfin pouvoir photographier les environs. Nous retournons au plateau à l’Est du 2ème Maquine. Jérôme et Olivier ont le rôle de rabatteurs, leurs chiens inspectant le moindre centimètre carré de forêt. Les talkies-walkies sortis d’un autre temps sont bien pratiques, le réseau mobile ayant bien du mal à arriver jusqu’ici. J’aperçois le phare de Pointe Plate (plus d’infos pour s’y rendre ici) au loin, dernier phare de l’archipel ayant connu un gardien. Les tenues de chasse orange fluo contrastent avec les teintes automnales de la végétation !
Des détonations résonnent au loin, je me précipite pour aller voir de quoi il retourne. Trois des copains sont regroupés en contrebas au bord du 2ème Maquine, un jeune mâle d’environ 50 kilos gisant à leurs pieds (56 kilos après pesée). A nouveau, je décline l’opération d’éviscération du chevreuil, l’idée de me retrouver les bras à l’intérieur du pauvre animal ne me tente guère ! Alors oui, je fais partie des personnes un peu (beaucoup) hypocrites, hors de question de me salir les mains. Par contre quand il s’agit de manger, je réponds présent… Enfin, une fois la bête vidée, le plus dur commence, la ramener au campement !
Olivier estimant que le convoi n’avance pas suffisamment vite décide de prendre le chevreuil sur ses épaules. Une vraie force de la nature ! Les copains se relaient non sans difficulté et se rapprochent tranquillement mais surement du campement. Je suis bien embêté de ne pas être en mesure de les aider. En même temps, vu mon côté athlétique, je ne serais pas allé bien loin avec l’animal sur le dos ! J’en profite pour prendre des clichés des paysages absolument splendides !
Une fois le chevreuil dans sa chaussette, c’est l’heure de manger un poulet au curry cuisiné par mes soins ! C’est clair qu’on ne se laisse pas abattre. En même temps marcher à Langlade dans les sentiers de chevreuil n’est pas aisé et demande beaucoup d’énergie. Une courte pause digestive et nous nous remettons sur la piste des cervidés à l’Ouest du 1er Maquine. La balade plus qu’agréable avec ce soleil brillant de mille feux nous fait oublier l’absence notable de chevreuils à se mettre sous la dent ! Les couleurs automnales magnifient les paysages rencontrés ici et là.
De retour au camp, nous commençons l’apéro de bonne heure. Les grillades et les patates sur le feu de camp sont plus conformes avec les habitudes culinaires d’un week-end à Langlade. Nous ne faisons pas de folies ce soir-là éreintés par une journée bien remplie !
Dernier jour à Langlade !
01/10/18 : Il n’est pas question de glandouiller ce matin, nous nous dirigeons de bonne heure vers le plateau surplombant l’Anse de Maquine. Le lever du soleil sur Pointe Plate est somptueux ! Quelques points de vue nous laissent apercevoir Cuquemel au loin, le plus haut sommet de Langlade du haut de ses 190m d’altitude. Malheureusement, cette dernière escapade s’avère infructueuse, mes comparses chasseurs rentrent bredouille.
Il est temps de ranger le campement et de nous préparer à rentrer à Saint-Pierre. C’est à nouveau Marcel-Christophe qui vient nous récupérer, nous avons bien du mal à embarquer tout le bardas à bord. En tout cas, pour un 1er week-end de dégras, il a tenu toutes ses promesses, j’ai adoré !
