En route vers Terre-Neuve !
25/08/17 : Le départ est arrivé, je quitte mon caillou pour rentrer en France métropolitaine. Mais avant, quelques jours de répit m’attendent à Terre-Neuve, le territoire canadien le plus proche de Saint-Pierre. Seules 45 minutes d’avion nous séparent de St John’s, la capitale de la province de Terre-Neuve et Labrador. Cette ville compte près de 200 000 habitants agglomération comprise. Autant dire que c’est immense au regard des 6000 âmes qui peuplent Saint-Pierre et Miquelon.
Comme à l’accoutumée, un détour s’impose chez Fred’s, le disquaire préféré de mon père où il se plait à dévaliser les rayons de musique terre-neuvienne et irlandaise. Une fois cette formalité accomplie, direction chez Sean, l’un de ses meilleurs amis. Ce soir pas de folies, on se contente de quelques apéros et d’un bon repas. J’ai toujours autant de plaisir à voir Papa et Sean jouer de l’accordéon en se laissant guider par l’improvisation. Les notes fusent à tout va dans le salon, tantôt mélodiques, tantôt cacophoniques, l’effet sans doute de l’ivresse qui s’empare d’eux sans crier gare.
Je ne demande pas mon reste et laisse rapidement les deux mélomanes poursuivre leur duo empreint de complicité. C’est ce genre de moment qui me rappelle à quel point j’ai été bête de ne pas apprendre un instrument. Après, il n’est jamais trop tard, mon père a bien appris l’accordéon à 40 ans passés !
Sur les traces de Gerald Squires
26/08/17 : Aujourd’hui, pas grand chose au programme hormis une visite au musée The Rooms, un gigantesque édifice génial à tout point de vue. Sean est à pied d’œuvre dès le réveil pour nous concocter des smoothies dignes de ce nom. Après un brunch copieux, direction le musée pour une exposition dédiée à Gerald Squires, sans doute le plus grand peintre qu’ait connu la province. Je suis bluffé par les œuvres exposées, elles sont splendides !
Après un court passage à la maison, on prend le chemin du cente-ville. Mais avant, une halte chez Scott et Anne s’impose. Ces enseignants à l’université Memorial de St John’s ont passé plusieurs années à Saint-Pierre où Scott dirigeait l’Institut Frecker, une structure d’apprentissage du français pour les étudiants de l’université. On poursuit la soirée au restaurant The Gipsy sur Water street, un régal pour les papilles gustatives ! La soirée se termine dans l’un des nombreux pub de Georges Street à écouter un groupe de musique terre-neuvienne.
27/08/17 : Pas le temps de trainer ce matin, direction l’aéroport pour récupérer ma petite sœur Loevann et ma belle-mère Morgane. On a juste le temps de manger et de se raconter nos vacances respectives et il est déjà temps de ramener Morgane qui rentre dès ce soir à Saint-Pierre. La bonne nouvelle, c’est que Loevann reste à Terre-Neuve avec nous jusqu’à mercredi pour un périple familial qui va nous mener à Plaisance (Placentia en anglais).
En quête de nos racines françaises !
28/08/17 : Environ 1h30 de trajet sont écessaires pour rallier Plaisance, l’ancienne capitale française de Terre-Neuve. La ville a été fondée en 1655 pour servir de base arrière aux pécheurs de morue. Après avoir été âprement disputée par les anglais, elle tomba définitivement sous leur domination en 1713. Peu de traces de la présence française ont survécu. C’est au Philip’s Cafe que l’on pose nos sacs pour la nuit. Il s’avère que cette petite auberge propose de la restauration végétarienne, ce qui n’est pas de refus au pays de la mal-bouffe !
L’après-midi est dédiée à la visite de Castle Hill, un site historique classé à l’Unesco. Il est composé de vestiges des fortifications françaises et anglaises, ainsi que d’un musée permettant de mieux appréhender l’histoire de la ville, notamment sa période française. Le site surplombe la baie de Plaisance, offrant une vue panoramique sur les environs. Ma sœur Loevann enfourche un canon bien décidée à en découdre à nouveau avec nos ennemis héréditaires (dixit mon père) !
Les options pour souper restent limitées à Plaisance, on jette notre dévolu sur le pub The Three Sisters. Leur fish and chips est plutôt correct ! Je passe la soirée avec ma petite sœur avachis sur le lit à regarder des séries pour ados sous l’œil amusé de notre père.
A la rencontre des fous de Bassan
29/08/17 : Une fois le petit déjeuner englouti, on se met en route pour rejoindre le Cape St Mary’s, une réserve naturelle située au sud-ouest de la péninsule d’Avalon. Elle a la particularité d’être l’un des principaux lieux de nidification de la province, avec environ 24000 fous de Bassan. Il faut compter une heure de trajet, un bureau d’information permet de glaner des renseignements si besoin.
Une courte marche d’une vingtaine de minutes est nécessaire pour arriver au niveau des falaises où se trouvent les colonies d’oiseaux. L’odeur de fiente se fait de plus en plus prononcée au fil de notre progression, tout comme les cris d’oiseau qui deviennent assourdissants. Et tout à coup, c’est la claque, on prend conscience de la taille du site et du nombre d’oiseaux qui y sont présents !
On y reste une petite heure au grand dam de ma sœur Loevann plus intéressée à geeker sur snapchat qu’à profiter de cet instant magique de communion avec la nature ! Mon père et moi, on ne s’en prive pas, mitraillant tour à tour (au sens figuré bien sûr) les oiseaux présents sur le site, le fou de Bassan en étant la star incontestée ! Je fais quelques vidéos pour saisir l’ambiance sonore qui règne à proximité des falaises, c’est génial !
On finit par quitter les lieux au grand soulagement de ma sœur. Direction la baie de Conception à une heure de route, au nord-est de la péninsule d’Avalon. On traverse des villages de pêcheurs pittoresques comme Harbour Cove et Carbonear qui ont en commun des maisons aux couleurs chatoyantes et de jolies églises. La pause déjeuner dans un restaurant de Harbour Cove nous remplit la panse, sans plus.
De retour à St John’s en début d’après-midi, le reste de la journée est partagé entre la visite de la galerie d’art d’Emma Butler où sont exposées des toiles d’artistes talentueux comme Jean-Claude Roy, David Blackwood et Jean-Claude Girardin pour ne citer qu’eux (plus d’infos sur le site de la galerie ici) et des emplettes dans les centres-commerciaux de la ville.
De retour au point de départ !
30/08/17 : Mon père et Loevann partent en direction de l’aéroport vers 09h00 pour rentrer à Saint-Pierre. Quelle surprise de les voir débarquer peu de temps après ! Ils ont en effet raté leur avion à 15 minutes près. Cet imprévu me permet de profiter d’eux toute la journée au grand désespoir de ma belle-mère Morgane. Cette étape à Terre-Neuve m’a comblé à tout point de vue !
A 23h30, mon avion décolle direction Londres où j’arrive sans encombre, puis direction la gare de Saint-Pancras où un train m’attend pour la gare du Nord à Paris, le terminus d’un voyage qui aura duré près de 8 mois. Heureusement que mes potes et colocs sont à l’arrivée du train munis d’une énorme banderole indiquant « tu nous as manqués », ça me remonte le moral !
Dans 4 jours, je reprends le chemin du travail, du stress, des journées interminables, du travail le week-end, des transports en commun, bref d’une vie de rêve ! Heureusement, je n’ai pas prévu m’éterniser ici, un changement radical de vie se dessine à l’horizon…
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