Pisang-Manang (3540m) :
25/01/17 : Malgré le froid, je suis debout dès 06h30 ce matin afin de prendre des photos de l’Annapurna 2. Le soleil n’étant pas encore levé sur Pisang (voir article ici), j’évite le phénomène de brume qui se forme lorsque les rayons chauffent les cimes enneigées des sommets. Je suis complètement subjugué par la beauté de cette montagne !
Aujourd’hui, la journée s’annonce (encore) grandiose en ce qui concerne les paysages avec de nombreux sommets en prévision. On attaque par une montée raide jusqu’à Gyaru (3700 m). Elle se termine sur un chemin en balcon face à toute la chaîne des Annapurnas et le Tilicho Peak qu’on voit au loin. Je suis aux anges et oublie très vite les deux heures d’ascension interminables !
Nous faisons la pause déjeuner dans le village de Ngawal, petit hameau tibétain duquel on a une vue sur les sommets de Chulu West et East. Au regard des capacités d’accueil des lodges, ça doit être l’enfer en saison touristique. Je ne suis finalement pas mécontent de me geler au sens littéral du terme, au moins j’ai la paix ! L’après-midi est marquée par une interminable descente qui nous ramène au bord d’une rivière. La journée est plus longue que prévue, avec environ 8 heures de marche.
C’est dire si je suis heureux lorsque nous approchons de Braga, dernier village avant Manang. Le principal point d’intérêt de Braga est son monastère juché à flanc de montagne. Après une courte pause, nous reprenons la route vers Manang où il est prévu que je fasse ma journée d’acclimatation.
Quel bonheur d’arriver dans le lodge et de troquer les chaussures de rando contre des sandales confortables ! Comme partout sur le trek, le lodge dispose d’une connexion wifi performante, ce qui est plutôt surprenant, qui plus est à 3500 mètres d’altitude. Moi qui pensais me faire une cure d’internet, c’est raté ! Et comme dans les deux lodges précédents, il n’y a pas de douche, les canalisations étant gelées. Quelle idée lumineuse d’avoir acheté des lingettes nettoyantes (biodégradables bien sûr) !
C’est tout « propre » que je rejoins Pushpal et Shiva dans la salle principale autour d’une tasse de thé. Je décide de repousser ma session internet pour me plonger dans un téléfilm népalais. Pour faire court, c’est une histoire d’amour avec un méchant qui essaie d’empêcher les deux tourtereaux de vivre leur passion, mais le Roméo s’avère être un professionnel des arts martiaux. Après des combats interminables, l’amour finit par triompher ! Ce qui est bien avec ce genre de téléfilms, c’est qu’on n’a pas besoin de parler la langue pour suivre l’histoire.
Et roulement de tambours : je vais voir mes premiers occidentaux après 8 jours de trek. Deux mecs de Jersey assez sympas, mais dont l’accent n’est pas toujours très compréhensible et un autre groupe composé d’un brésilien, d’un espagnol et de leur guide, un rasta man népalais. Le brésilien est parti pour un voyage de 2 ans. Quant à l’espagnol, sa surconsommation de joints ne le rend pas très bavard. Le brésilien me montre avec fierté une vidéo de lui et l’espagnol en train de se baigner dans le lac Gangapurna qui est en grande partie gelé !
Manang – Journée d’acclimatation :
26/01/17 : Quel bonheur de ne pas avoir à se lever de bonne heure ! Aujourd’hui, c’est ma journée d’acclimatation pour m’habituer à l’altitude ! Nous allons nous contenter d’une petite marche d’environ 2 heures aller-retour. On monte à 3800m d’altitude, ce qui nous permet d’avoir un beau point de vue sur le lac Gangapurna. C’est la première journée nuageuse depuis le départ du trek, accompagnée d’un vent glacial.
Mes derniers espoirs de passer à travers la tempête de neige prévue demain s’évanouissent ! Je profite de l’après-midi pour me reposer et passe à nouveau le repas avec les gars de Jersey qui n’ont pas pu se rendre à Tilicho Lake, la route étant trop dangereuse à cette époque de l’année.
Manang- Yak Kharka (4023m) :
27/01/17 : La première chose que je fais en me réveillant est de regarder par la fenêtre. Il neige et une fine couche s’est formée sur le paysage désertique qui entoure Manang. La salle commune est en ébullition, les guides échangent entre eux sur la conduite à adopter : rester et attendre que la neige s’arrête, ou partir au risque de se retrouver piéger dans une tempête plus intense. A 10 heures, une fenêtre se dessine, nous partons à toute hâte. Heureusement, nous n’avons que 3 heures de marche jusqu’à Yak Kharka et ses 4023 mètres d’altitude.
La quiétude de notre lodge est troublée par un groupe de randonneurs qui s’arrête le temps de se restaurer avant de poursuivre vers le village de Ledar situé à 30 minutes. Un jeune occidental vient à ma rencontre et après moins de 10 secondes d’échange en anglais, je devine aisément que nous partageons la même nationalité. Et oui, le fameux accent français ! Il s’appelle Erwan, un breton d’origine avec qui j’ai comme point commun d’avoir échoué à Paris. Nous ne le savons pas encore, mais on sera amenés à se revoir !
Après leur départ, le lieu retrouve son calme et j’en profite pour aller m’emmitoufler dans mon sac de couchage jusqu’au repas du soir. Je commence à ressentir les effets de l’altitude, ma respiration étant plus difficile et chaque effort, même le plus anodin, m’essouffle ! La soirée arrive et j’ai la joie de découvrir un nouveau mode de chauffage : notre hôte glisse un sceau de charbon sous la table sur laquelle est disposée une couverture afin de garder la chaleur. Ce n’est pas forcément conforme aux normes incendie européennes comme installation, mais ça réchauffe nos corps transis de froid.
Yak Kharka-High Camp (4800m) :
28/01/17 : Quelle joie de s’apercevoir que la neige a continué de tomber toute la nuit (ironique bien sûr) et qu’une couche de 15 à 50 centimètres par endroit recouvre la route. La journée s’annonce ardue ! Pushpal propose d’avancer au village suivant en espérant que les groupes croisés la veille aient ouvert le chemin. Je garde en mémoire que plus de 40 personnes sont mortes sur le même chemin en 2014, et dans des conditions similaires même si le manteau neigeux était beaucoup plus épais, favorisant le déclenchement de l’avalanche meurtrière.
Après une demi-heure de marche sur un chemin qui traverse de nombreux pâturages à yacks, alternant montées et descentes, nous arrivons à Ledar où près d’une vingtaine de personnes attend patiemment les arbitrages des guides. C’est à ce moment-là que je revois Erwan, toujours motivé pour l’ascension du col de Thorong La. Un petit groupe composé de 2 guides népalais, 2 porteurs et 3 occidentaux se forme naturellement. Les nuages se sont dissipés laissant place à un soleil radieux, illuminant le manteau neigeux de mille feux (port des lunettes de soleil obligatoire).
Malgré le fait que nous avançons péniblement dans la neige, la balade est agréable. Nous nous relayons pour ouvrir la piste et je peux vous dire qu’à cette altitude, ce n’est pas une mince affaire. Après 3 heures de marche, nous arrivons à notre destination, le hameau de Thorong Pedi situé à 4400 mètres. Toutefois, nous décidons de poursuivre après le déjeuner jusqu’au High Camp à 4800 mètres. Encore une heure de marche particulièrement raide pour arriver à la dernière étape avant le passage de Thorong La Pass. Ce fut difficile de trouver le sommeil cette nuit-là en raison de l’altitude et du stress lié à l’ascension du lendemain.
High Camp-Muktinath (3760m) :
29/01/17 : Après une courte nuit (2-3 heures de sommeil max), nous sommes tous prêts à partir dès 8 heures du matin. Notre progression est bonne malgré la neige et nous atteignons Thorong La Pass en 4 heures de marche. Après la traditionnelle séance photo devant la stèle du col, nous reprenons la route en direction de Muktinath, située aux portes du Mustang et célèbre pour son pèlerinage, mais aussi pour sa source de gisement de gaz naturel qui alimente une flamme sacrée.
La descente est assez agréable au début et nous avançons rapidement, puis le manteau neigeux s’épaissit jusqu’à nous arriver aux genoux. La progression est laborieuse et les guides n’ont pas l’air très sûr d’eux concernant la direction à suivre. Après une heure de marche, nous arrivons à un village à mi-chemin de Muktinath. Malheureusement, étant en basse saison, tous les établissements sont fermés.
Une fois la déception passée, nous reprenons la route vers Muktinath. Une petite erreur du guide de l’américain va nous coûter une heure de marche supplémentaire. Compte-tenu du manque de sommeil et des heures de marche qui commencent à se faire sentir, les esprits s’échauffent. Néanmoins, nous sommes à Muktinath vers 16h00 après 8 heures d’efforts intenses récompensés entre autres par le droit d’apercevoir le Dhaulagiri, autre sommet supérieur à 8000 mètres.
Malgré l’absence de douche en bonne et due forme, je décide de me laver après plusieurs jours d’hygiène douteuse. J’ai droit à un « bucket » d’eau brûlante dans une cabane au fond de la cour par -10°C. Il me faudra une heure emmitouflé dans mon sac de couchage pour me réchauffer de cette expérience ! Heureusement, ce soir c’est apéro après 10 jours d’abstinence pour fêter le passage du col.
Erwan qui s’est joint à nous offre l’apéro à mes guides pour les remercier. Je me délecte d’un cigare cubain Romeo y Julieta n°4 acheté à La Havane l’été dernier spécialement pour célébrer ce moment tant attendu de mon tour du monde ! Bref, une super soirée avant de reprendre la route en direction de Marpha.
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