En route pour le sommet du Huayna Potosi !
28/06/17 : J’arrive à 8h45 devant la devanture d’Altitude 6000, l’agence choisie pour faire l’ascension du Huayna Potosi. Bien que plus cher, j’ai préféré faire l’ascension en trois jours plutôt que deux. En effet, cela permet d’avoir plus de temps pour s’acclimater et surtout un entrainement à l’usage des crampons et du piolet. Je vois rapidement arriver un couple de suisses francophones, Pauline et Kevin, qui s’avèrent être mes comparses pour les 3 prochains jours. Eux aussi en tour du monde depuis un an, le courant passe tout de suite !
Un fois les bonnes chaussures d’alpinisme trouvées, nous voici en route pour un autre local. En quelques minutes, on est équipés de la tête aux pieds. Rien à dire, ils sont vraiment très pro ! Il ne reste plus qu’à faire la grosse heure de trajet qui nous sépare du premier camp de base situé à 4700 mètres d’altitude. On aperçoit un immense lac artificiel sur la route paré de couleurs vives. Il s’agit en fait des pollutions induites par une mine non loin de là… Le sommet du Huayna Potosi se dresse majestueux en toile de fond !
En arrivant sur place, on tombe sur un groupe revenant du sommet. Leurs têtes déconfites en disent long sur ce qu’ils viennent de vivre. Tout sauf une partie de rigolade ! Après un super repas, on embarque tout le matériel nécessaire pour l’entrainement, direction le glacier. Après une petite heure de marche, on arrive au pied de celui que va nous faire souffrir aujourd’hui. Mes premiers pas avec les crampons sont relativement faciles. Ça se corse au moment de grimper une 1ère paroi un peu inclinée. Néanmoins, je m’en tire tant bien que mal !
Ensuite, place à un entraiment qui va au-delà de ce qu’on aura à affronter lors de l’ascension. Nos guides Herman et Sabino installent des prises sur un mur de glace de plus de 20 mètres de hauteur. Bien que le début de la paroi soit assez facile, la partie en dévers est d’un autre acabit. Mes deux comparses suisses s’en sortent pas mal, surtout Kevin qui fait preuve d’une certaine aisance. Me concernant, c’est moins pire que prévu, j’arrive à me hisser jusqu’en haut du mur. Je découvre par la même occasion de nouveaux muscles dans mes avant-bras qui me tiraillent douloureusement !
A peine descendu, Pauline saute sur la proposition des guides de tenter la paroi du groupe d’à côté. Pas de chance, je vais devoir y aller à nouveau. Ces exercices m’auront en tout cas fait prendre conscience que les alpinistes sont de sacrés athlètes ! Après un repas copieux, on se cale tous les trois devant le film « La grande muraille » avec Matt Damon. Même si c’est loin d’être un chef d’œuvre, ça reste un bon divertissement. Dès 21h00, extinction des feux, une route difficile nous attend demain matin !
Direction le high camp à 5130 mètres d’altitude !
29/06/17 : La nuit a été courte en raison de l’altitude. En effet, la respiration est plus difficile, d’autant plus lorsqu’on dort sur le ventre ou le côté, ce qui est mon cas. Dès le petit déjeuner englouti, on entame la marche jusqu’au high camp. Bien qu’elle ne présente pas de difficulté particulière, le sac de 15 kilos sur le dos en fait un véritable sacerdoce. La pauvre Pauline est victime d’une ampoule, une vraie tuile au regard de ce qui nous attend demain. Enfin, on n’est pas mécontents d’arriver au bout après plus de 2 heures de montée !
Le programme est simple pour le reste de la journée : manger et boire du maté de coca. Entretemps, les groupes qui font l’ascension en deux jours sont venus mettre un peu d’animation dans le refuge. Je profite de la fin d’après-midi pour faire quelques photos. Le dernier repas des condamnés est servi à 17h00 pétantes ! Un jeune anglais n’arrive pas à manger à côté de nous, conséquence du mal de l’altitude. Les guides de son agence l’informe qu’il ne pourra pas grimper demain, il a encore besoin d’acclimatation.
Je regarde mon comparse Kevin en lui lançant « Quand l’appétit va, tout va » en référence au dessin-animé Astérix chez Cléopâtre. Lui et Pauline me répondent avec d’autres répliques de ce chef d’œuvre, ça fait du bien de se détendre un peu ! Dès 18h00, un silence de cathédrale se fait dans le dortoir. Je suis stressé à l’idée de ne pas trouver le sommeil ! En effet, l’ascension démarre à 01h00 le lendemain matin.
L’heure de vérité a sonné !
30/06/17 : Il est 23h00 lorsque je regarde mon téléphone. Ai-je réussi à dormir ? Je me suis sans doute davantage assoupi qu’autre chose. Espérons que l’adrénaline fasse son effet pour compenser ! Dès minuit, un ballet de lampes frontales dansant dans l’obscurité indique qu’il est temps de se préparer. Le petit déjeuner très copieux n’est pas de trop pour affronter le froid qui règne à l’extérieur. Vers 01h15, on s’élance sur le sentier qui mène au sommet du Huayna Potosi.
Bien qu’assez abrupte, le début de la marche se fait à un bon rythme. La multitude de cordées avançant doucement sur le sentier donne une atmosphère géniale à l’ascension. Nos guides nous font faire des pauses régulièrement afin d’éviter l’essoufflement. Le moindre effort prend une ampleur considérable en raison de l’oxygène qui se raréfie au fil de la montée. Je mâchouille délicatement des feuilles de coca censées limiter le mal de l’altitude. Néanmoins, ça n’a visiblement pas marché pour un français qui vomit littéralement ses tripes aux alentours de 5500 mètres.
Peu après, la 1ère difficulté de l’ascension arrive. Un escalier de glace de 30 mètres de hauteur fait son apparition. On va enfin pouvoir mettre l’entrainement en pratique. C’est à grands coups de piolet que je me hisse en haut de cet obstacle complètement essoufflé ! On fait une nouvelle pause à 5800 mètres afin de rajouter une couche supplémentaire pour lutter contre le froid. J’en profite pour mettre une 2ème paire de gants, mes doigts étant en partie gelés. Mon guide me donne du maté de marijuana qui permet selon lui de limiter également le mal des montagnes !
Bien qu’il ne reste que 300 mètres de dénivelé positif à parcourir, l’altitude rend de plus en plus difficile notre progression. Chaque pas en avant sonne comme une victoire ! A ce stade, la bataille n’est plus physique, mais bien mentale. Après encore 1 heure de marche, on finit par arriver à la dernière difficulté menant au sommet : l’arrête centrale. Pendant près de 200 mètres, on avance le long d’une arrête avec tout juste la place pour la largeur d’un pied. Un coup de piolet, on avance un pied, un autre coup on avance l’autre pied. Le précipice des deux côtés de l’arrête rappelle que ce n’est pas le moment de manquer de concentration !
Après 5h30 d’ascension, nous faisons partie des 1ers à atteindre le sommet du Huayna Potosi. Quelle satisfaction d’y être arrivé ! Assis sur la pointe du sommet, je suis à deux doigts de pleurer, un étrange mélange de nerfs qui lâchent, de fatigue, et de joie intense s’emparant de moi dans la plus grande confusion. Une fois mes esprits repris, je me lance dans un nouveau défi : réussir à prendre des photos en basse lumière. Le résultat n’est pas à la hauteur de mes attentes ! Il aurait sans doute mieux valu arriver plus tard. Tant pis !
La redescente est plutôt sympa au départ et nous permet surtout de se rendre compte du chemin parcouru dans l’obscurité quelques heures plus tôt. Avec mon guide, nous finissons par nous détacher du groupe. En effet, on a encore du jus et j’ai surtout envie de rentrer au plus vite au high camp. On dépasse un groupe qui me fait penser à un attelage épuisé, le guide assurant l’arrière des deux jeunes exténués marchant devant comme des âmes en peine ! Après environ deux heures de descente, nous voici arrivés enfin au refuge.
Le temps de se reposer un peu et de manger une soupe, puis il faut déjà repartir vers le camp situé à 4700 mètres. Mon dos me fait souffrir compte-tenu des 15 kilos que je dois porter. Heureusement, on garde les crampons pour le retour, ce qui limite les glissades de l’avant-veille. Le trajet en voiture vers La Paz se fait dans le silence, je lutte pour ne pas m’endormir. Je file dès que possible vers l’hôtel Arthy’s où j’ai laissé la plupart de mes affaires. Je passe le reste de la journée à glander en attendant Piwi.
La soirée se finit au Mozzarella Restaurant où nous sommes censés rejoindre mes amis suisses. Malheureusement, il s’avère qu’ils m’attendent dans un autre restaurant du même nom situé à 300 mètres de là. Trop dégouté ! Enfin, nous ne rentrons pas trop tard, un réveil très matinal nous attend pour prendre l’avion en direction de Rurrenabaque, prochaine destination de notre périple bolivien.
Conclusion de cette ascension : même si le Huayna Potosi est considéré comme le plus facile des 6000 mètres, ça reste un 6000 et ça n’a rien de facile, il se mérite !
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